Page 4 - Mouskhely papers - Face of Federalism
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INTRODUCTION




               «  Le  vingtième  siècle  ouvrira  l’ère  des  fédérations  où  l’humanité  recommencera  un
            purgatoire de mille ans. »

                                                             Pierre-Joseph Proudhon, Du principe fédératif



               L’ère du « splendide isolement » des peuples de l’Europe est désormais révolue. Une ère
            nouvelle commence, celle du fédéralisme. Son avènement, que Proudhon avait prédit il y a
            près d’un siècle, se manifeste par un large mouvement d’idées et d’opinions. Un peu partout
            se forment des groupements fédéralistes. La politiques toute récente des États de l’Europe
            occidentale, d’une manière plus timide peut-être, en fournit elle aussi une manifestation
            réconfortante.


               Sans doute, l’idée d’une fédération européenne n’est pas nouvelle. Il a fallu pourtant deux
            guerres, qui toutes deux ont commencé en Europe, pour qu’elle éveille l’attention de l’opi-
            nion publique et gagne l’élite européenne au service de sa cause. En août 1946, au Congrès
            de Hertenstein (Suisse) on pouvait dénombrer ses partisans. À peine une année plus tard, au
            Congrès de Montreux (Suisse, août 1947) était créée l’Union Européenne des Fédéralistes
            (U.E.F.) groupant plus de quarante associations. En même temps se tenait à Montrouge, près
            de Paris, le premier Congrès des États-Unis Socialistes d’Europe, et à Gstaad (Suisse) la confé-
            rence  des  parlementaires  fédéralistes  membres  des  Assemblées  législatives  de  plusieurs
            pays d’Europe. À la même époque, en Angleterre, Winston Churchill fondait le mouvement
            United Europe, Paul Van Zeeland, en Belgique, créait la Ligue indépendante pour la Coopéra-
            tion économique et en France, sur l’initiative de René Courtin, se formait le Conseil français
            pour l’Europe Unie, présidé par Raoul Dautry et placé sous le haut patronage d’Edouard
            Herriot.

               De toute nécessité, il fallait coordonner l’action de ces divers groupements. Dans ce but,
            en décembre 1947, on constitua à Paris un Comité International de Coordination des six plus
            grands mouvements fédéralistes. Ce Comité décida aussitôt de réunir à La Haye les représen-
            tants de nombreux groupements privés et publics et plusieurs personnalités politiques des
            différents pays d’Europe. Le Congrès de l’Europe qui s’est tenu en mai 1948, après de vives
            discussions sur les rapports présentés par trois commissions, a voté une résolution culturelle,
            une résolution politique et une résolution économique. Au lieu de prendre de véritables dé-
            cisions et se charger de les exécuter, il s’est contenté de formuler une série de souhaits et de
            vœux et d’émettre des propositions intéressantes. Il a demandé en particulier la convocation
            « de toute urgence » d’une assemblée européenne élue par les parlements nationaux. Cette
            manifestation importante de solidarité n’aura pas été vaine. En même temps qu’elle a révélé
            les progrès réalisés par la cause de l’Union européenne, elle a alerté l’opinion publique et
            même certains gouvernements.

               Le Grand Conseil du Mouvement Européen, placé sous la présidence d’honneur de MM.
            Churchill, Paul Henri Spaak, Léon Blum et Alcide de Gasperi, a été créé en octobre 1948 pour
            resserrer et développer l’action des organisations privées dont le rôle a été considérable,
            surtout depuis le Congrès de La Haye.


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